Minuit passé... Ce soir là, Alazaïs était chargée de patrouiller dans les couloirs afin de vérifier qu'aucun élève ne se trouvait hors de son dortoir sans raison. Pour l'instant, rien à signaler. Vers vingt-deux heures, elle avait croisé les habituels retardataires qui n'avaient pas vu l'heure passer, généralement des élèves qui venaient de se faire déloger par la bibliothécaire. Mais depuis, elle n'avait rencontré que trois fantômes et l'un de ses collègues.

Le bruit de ses pas se répercutait dans le couloir de la tour Sud, la tour d'astronomie. Tournant sous une arche, Alazaïs se mit à gravir l'escalier en colimaçon menant au sommet. Les marches étaient seulement éclairées par des torches disposées à intervalles réguliers et maintenues allumées par un sort ou quelques employés invisibles. La brunette n’avait encore jamais croisé ceux qui s’occupaient du ménage, de la cuisine et de toutes les autres tâches qui faisaient fonctionner l’école. Les ombres mouvantes créaient des formes improbables sur les murs, mais l’atmosphère n’inquiétait pas la jeune professeur. Elle n’avait jamais eu peur de l’obscurité : déjà enfant elle échappait à la surveillance de ses parents pour se glisser dans la forêt et cueillir certaines plantes dont les propriétés ne se révélaient que sous la douce lueur de la lune.

Après plusieurs centaines de marches et trois paliers franchis, Alazaïs atteint le sommet de la tour et sorti à l'air libre. Elle jeta un regard alentours, observant les zones d’ombres et les recoins Pas d'élève en vue. L’endroit était l’un des rendez-vous préférés des étudiants lors de leurs excursions nocturnes, mais le froid devait les avoir découragés. Le vent soufflait fort à cette hauteur et transportait quelques flocons de neiges. Alazaïs s’allongea malgré tout quelques instants sur l'un des bancs de pierre pour regarder la voûte céleste. Elle avait toujours adoré observer les étoiles, mais depuis trois mois qu'elle correspondait avec un astronome et lisait de nombreux ouvrages à ce sujet, les astres nocturnes la fascinaient. Elle connaissait à présent les mythes qui se cachaient derrière chaque constellation et savait se diriger en observant leur position. Elle savait également comment entrevoir les fils de son destin dans les lueurs de la nuit. Elle n’étudiait la divination que depuis peu, mais elle commençait à pouvoir interpréter la position des étoiles. Pourtant cette nuit là elle ne décela aucun évènement particulier. Grelottante, la professeur de potions se releva et entreprit de redescendre dans le château.

Alors qu’elle allait regagner le hall, Miss Bridgestone entendit un bruit de pas. Elle s’engouffra le plus silencieusement possible dans un large couloir qui débouchait sur une salle d’une hauteur monumentale. Des paliers de porte dépassaient un peu partout sur les murs et de nombreux escaliers, qui semblaient disposés sans aucune logique, se tournaient doucement d’un seuil à l’autre. Cette pièce avait été conçue par Salazar Slytherin et il était bien connu que les escaliers n’obéissaient qu’à leur propre volonté. Il arrivait souvent qu’un élève cherchant à se rendre au 2e étage se retrouve bloqué sur un palier du 5e, sans vraiment savoir comment. Il fallait de la patience, et parfois quelques suppliques, pour réussir à se diriger dans ce labyrinthe. Alazaïs sourit en apercevant une élève assisse sur une marche. Sans doute attendait-elle depuis plusieurs minutes que son escalier daigne s’arrêter devant la porte qui l’intéressait. Alazaïs s’adressa à l’élève tout en commençant à son tour à gravir les marches : « Il n’en font vraiment qu’à leur tête, n’est ce pas ? ». Apparemment, elle avait plus de chance que la jeune fille puisqu’elle se dirigeait tout droit vers son escalier.